Réserve ornithologique de la Grande Noë

Août 2020 à Janvier 2021

Le personnel et les bénévoles de la réserve ornithologique vous souhaitent tout d’abord une très bonne année 2021.

Gestion

Du point de vue « Gestion », ces derniers mois furent assez chaotiques. Les ânes ont été retirés de mi-août à octobre à la suite de la découverte d’un problème bactériologique dans l’eau de l’étang. Ils sont là pour conserver un milieu ouvert à la suite de la restauration en 2019, des pelouses xérophiles par un broyage mécanique.

Au cours de la deuxième moitié d’août, de nombreux cadavres d’oiseaux ont été découverts sur la réserve Nous avons pensé au départ à une cyanobactérie comme l’an passé, cependant l’importance du phénomène nous a interpelés. Nous avons donc interdit temporairement l’accès à la réserve puis partiellement jusqu’aux résultats des analyses. Des prélèvements d’eau et l’analyse d’un fuligule milouin mort ont été réalisés par LABEO, le laboratoire préfectoral utilisé par toutes les administrations euroises. Nous avons aussi travaillé de concert avec l’Office Français de la Biodiversité pendant cette période. La ville de Val-de-Reuil quant à elle, nous a permis le survol de la réserve par un drone afin de repérer les zones touchées. Les résultats d’analyse sont tombés en septembre, notre crainte s’était avérée exacte : c’était du botulisme. Cette maladie qui asphyxie les animaux se rencontrait surtout, il y a une quarantaine d’années, dans les contrées plus chaudes telles que la Camargue en France. Avec le réchauffement climatique, elle remonte de plus en plus au nord. Cela est dû à 2 facteurs dominants, la chaleur et la faiblesse des niveaux d’eau qui provoquent un appauvrissement en oxygène et un déséquilibre des écosystèmes. D’autres facteurs sur la réserve aggravent le problème : en effet l’étang ne communique pas avec la Seine et donc l’eau reste stagnante et la présence d’importantes colonies d’oiseaux, d’arbres et donc de feuilles, enrichissent constamment l’ancienne ballastière en matières organiques qui en se décomposant consomment de l’oxygène.

Vue aerienne des zones touchées par le botulisme / photo ville de Val de Reuil

Du fait, de ces problèmes bactériologiques, nous n’avons pas pu organiser le chantier traditionnel d’entretien des ilots, la maladie pouvant être dangereuse pour l’homme en cas d’ingestion. Mais d’autres chantiers ont été faits : la coupe annuelle de la végétation autour des observatoires ainsi que la poursuite de notre travail dans la roselière après la période de nidification pour empêcher l’envahissement par des arbres de cette zone. Enfin, des palissades ont été construites ou rénovées.

 

Renovation de la pallissade proche de l'affut aux mouettes

Fin septembre, un nid de frelon asiatique a été découvert. Il a été enlevé quelques jours après par un technicien de la Communauté d’Agglomération Seine Eure.

Nous avons déploré encore des dépôts de déchets, c’est inacceptable. Nous devons faire face aussi à d’autres incivilités qui dérangent la faune et les personnes qui veulent profiter de la quiétude du lieu et observer la nature. Les chiens sont acceptés sur la réserve à condition qu’ils soient tenus en laisse et qu’ils restent discrets. Cette règle n’est malheureusement pas respectée par tout le monde et avec des chiens qui aboient intempestivement dès qu’une personne arrive et d’autres que l’on retrouve assis sur les bancs, passant la tête à travers les observatoires, le calme n’est pas toujours de mise. Ces faits ne sont pas tolérables sur une réserve où le respect de la nature s’impose à tous.

Peu d’animations tout public ont eu lieu du fait de la crise sanitaire. Nous sommes actuellement dans l’attente d’un aval pour la reprise de celles-ci dans les mois à venir. En revanche, nous accueillons les classes et centres aérés pour le plus grand bonheur des enfants et de leurs accompagnants avec toutes les mesures d’hygiène nécessaires. Quelques stands ont pu être tenus.

Ornithologie

Du point de vue ornithologique, sur la boucle de Poses nous n’avons pas observé un nombre exceptionnel d’oiseaux hivernants, cependant nous avons noté un bel effectif de Garrots à œil d’or, la présence d’un mâle de Fuligule à tête noire et de 2 Plongeons imbrins. Dans la plaine adjacente, au moins 3 œdicnèmes criards hivernent encore cette année.

En octobre, un groupe de 27 Spatules blanches s’est reposé quelques heures sur la réserve. De plus, 3 à 4 Panures à moustaches ont été repérées dans la roselière via une des palissades. Rappelons au passage qu’il est formellement interdit de descendre dans cette zone.

Un Pygargue à queue blanche a été découvert posé à une 20 aine de km à vol d’oiseau fin novembre. Cependant, il n’a pas été revu depuis.

Un Butor étoilé a été observé plusieurs fois en décembre sur la réserve ainsi que quelques Bécasses des bois.

 

Focus sur la Panure

(appelée anciennement mésange à moustache)

Photo Christian Gérard

C’est une espèce nicheuse peu répandue en Normandie, localisée dans les roselières. Généralement sédentaire, elle peut effectuer quelques mouvements erratiques en hiver en bande telle que la Mésange à longue queue et toujours à la même période de la journée. C’est un oiseau discret que l’on repère surtout par ses vocalises très caractéristiques : des « pings».

Elle est très sensible au froid et supporte mal le gel.

Elle passe d’une alimentation insectivore en saison de reproduction à une alimentation granivore en hiver. De ce fait, son gésier se modifie structurellement ce qui la rend très dépendante des insectes à certaines périodes de l’année.

La roselière de l’estuaire de la Seine accueille l’essentiel de la population normande.

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